Le sommeil des jeunes parents : une inégalité encore trop invisible
« Tu dors quand bébé dort ? » Cette phrase, toute en bienveillance apparente, est pourtant révélatrice d’un malentendu profond : celui du sommeil post-partum, et plus largement, du déséquilibre flagrant dans la gestion des nuits avec un bébé.
SOMMEIL BÉBÉ


Un sommeil chamboulé… surtout pour les mères
Une étude menée en 2019 par Richter et ses collègues, sur plus de 4 600 parents, apporte un éclairage saisissant sur ce que vivent concrètement les familles après l’arrivée d’un enfant.
Dans les trois mois qui suivent l’accouchement :
Les mères perdent en moyenne une heure de sommeil par nuit.
Leur satisfaction concernant la qualité de leur sommeil chute de 1,8 point sur 10.
Côté pères ? Une perte de seulement 13 minutes par nuit, avec une baisse de satisfaction bien moindre : 0,37 point.
Et ce n’est pas une simple étape transitoire.
Six ans après la naissance, les femmes n’ont toujours pas retrouvé leur niveau de sommeil d’avant grossesse. Les hommes non plus… mais l’écart entre les deux genres reste criant.
Le sommeil, lui aussi, a un genre
Cette différence ne relève pas du hasard. Dans une majorité de foyers, la charge nocturne repose essentiellement sur les épaules des mères : allaitement, réveils multiples, soins, angoisses liées au bébé…
Et cela, même lorsqu’elles travaillent à temps plein, même dans des couples qui se veulent égalitaires.
Cette réalité, souvent banalisée ou minimisée, a pourtant des conséquences profondes sur la santé des femmes :
Dépression post-partum
Fatigue chronique
Risque accru d’erreurs et de baisse de vigilance
Charge mentale démultipliée
Ce n’est pas “juste de la fatigue”. C’est une inégalité structurelle dans la répartition des soins, encore très largement invisibilisée.
Partager vraiment les nuits
Il est temps de changer de regard.
Le sommeil du bébé ne devrait jamais reposer sur une seule personne, encore moins sur celle qui se remet tout juste d’une grossesse et d’un accouchement.
Les nuits sont l’affaire de tout le couple. Partager les réveils, mettre en place des relais, s’organiser à deux : ce sont des gestes simples mais essentiels, qui peuvent tout changer.
Redonnons aux mères ce dont elles ont besoin pour se reconstruire : du temps, du soutien, et surtout, du sommeil.